La Vierge, les coptes et moi + La Ricotta

Flavien Poncet propose La Vierge, les coptes et moi + La Ricotta.

Je veux voir ! « Qu’importe le réel tant qu’on a le désir » pourrait être la devise nouvelle d’une ère, la notre, commandée par l’effervescence exponentielle des images. Dans ce grand bazar des apparences, quid alors de la morale des images, cette vertu toute esthétique ? Par une introspection familiale et religieuse, le cinéaste d’origine égyptienne Namir Abdel Messeeh se glisse dans les habits du documentaire pour sonder avec humour la probité de nos sens et de nos croyances dans La Vierge, les coptes et moi. De la singularité de son point de vue et les racines coptes de sa famille, il retrouve l’Egypte qui l’a vu naître pour enquêter sur les apparitions de la Vierge dans son village.

Tout est amorcé par une vieille cassette vidéo dans laquelle une foule fervente s’extasie devant une apparition miraculeuse de la Vierge Marie. Peu croyant, sceptique, quoique espiègle, Namir Abdel Messeeh enclenche une enquête du visible, autour du phénomène proprement sacré d’une apparition. Devant l’insuffisance à rendre sensible ce prodige, le réalisateur décide d’en reconstituer la scénographie avec les habitants de son village d’enfance. Pour en accuser l’artifice ? Sous le regard de sa mère, drôle et impitoyable sur l’œuvre de son fils, le sacré est bricolé pour redonner corps à une épiphanie religieuse.

« Car rien n’est caché sinon pour être manifesté ; rien n’a été gardé secret, sinon pour venir au grand jour. » – de l’Evangile selon Saint Marc. –

La Ricotta, film de Pier Paolo Pasolini, s’ouvre par ses mots. Plutôt que l’apparition d’une Vierge, l’impétueux cinéaste italien orchestre en fiction la mise en tableau d’une Passion du Christ. Tout en suivant les tribulations du figurant qui joue l’un des deux larrons crucifiés. Tout aussi drôle que le documentaire, ce court joue tambour battant, avec des vrais morceaux d’Orson Welles dedans, une petite fable morale.

Avec deux films travaillés par la question esthétique du sacré et soucieux de la confronter avec les ruses du cinéma, le couplage de La Vierge, les coptes et moi et La Ricotta met en perspective donc avec ironie cette sacro-sainte prière du spectateur contemporain pour assouvir ses pulsions scopiques.

Flavien Poncet

  • 2 décembre / 18h / Les  Variétés
  • Vierge, les coptes et moi réalisé par Namir Abdel Messeeh / France / 2012 / 1h31
  • La Ricotta réalisé par Pier Paolo Pasolini / Italie / 1963 / 41 min

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